The problem in EU is that citizens have lost all sovereignty. And the left in France is still too blinded by their hope of universalism to realise that the way EU has been created has left no power to citizens and is transforming EU into a political system led by lobby.
PS in France has nothing to do with socialism anymore (if it ever had). All the debate on social topics are just hiding the fact that UMP (now Republicain) and PS have no difference anymore. And sadly, FN has become the most socialist party in the 3 majors in terms of economic (but only for the economy, it is a very authoritarian party on all other matters). One can only hope that one day, the "far-left" (real socialist) get their shit together.
But anyway, none of this matter because in the presidential election only PS or UMP can win.
BALLE AU CENTRE.
Sur les cendres gaulliennes de la gauche - et même du centre-droit – va naître le Parti Socialiste. Il réunira d’abord anciens radicaux, deuxième gauche, et plus tard, soixante-huitards – autant de gens qui ont en commun de ne pas croire au socialisme tel qu’il s’est toujours défini. Tout de même, la SFIO rejoindra le troupeau, fermant ainsi (à mon avis) la parenthèse du socialisme de gauche.
Pierre Mendès-France est la figure tutélaire, le grand homme. Radical, de gauche – puisque le parti radical se place alors à droite, au centre et à gauche, bref, comme on voudra – il cherchera des années à relancer le parti radical sans succès avant de rejoindre le Parti Socialiste Unifié (ancêtre du PS) cofondé par l’un des disciples, Hernu. Pierre Mendès-France est si socialiste qu’il ne croit pas à la lutte des classes et refuse la mise en commun des moyens de production. Il quittera rapidement le Parti, tout en restant sa grande figure intellectuelle, en déclarant que le Parti avait « cédé à des tendances négativistes purement révolutionnaires », en français, parce qu’il était déjà trop socialiste pour lui.
Mais Pierre Mendès-France s’inquiétait pour rien. Les deux autres figures qui ont marqué les débuts du PS ne sont en effet pas plus socialistes que lui. Passons rapidement sur Mitterrand, venu directement du centre-droit capitaliste et libéral par pure ambition et regardons de plus près Michel Rocard et la deuxième gauche, qui avec Mendès-France, influenceront la doctrine du Parti Socialiste.
La deuxième gauche est avant tout un anti communisme, ce qui n’est pas stupide après Staline. Sauf que refuser le communisme ne dit rien sur les idées qu’on accepte. La deuxième gauche sera donc assez vite divisée entre des révolutionnaires trotsI love youtes – courant minoritaire – et des réformistes « modernisateurs », acquis à l’économie de marché (néologisme pour ne pas dire capitalisme) qui pensent qu’il faut limiter le contrôle de l’Etat sur l’économie – courant majoritaire, représenté par Rocard. La deuxième gauche – en tout cas sa partie réformiste qui va rapidement dominer - se voit comme la force progressiste par excellence – progrès et capitalisme allant toujours main dans la main. Sa grande idée est l’autogestion, c’est-à-dire la possession commune des moyens de production au sein d’une entreprise. Mais, premièrement, prôner l’autogestion quand on est un homme politique revient un peu à déclarer sa propre inutilité. Deuxièmement, l’autogestion permet de passer d’un capitalisme individuel à un capitalisme collectif – mais pas, à mon avis, de sortir du capitalisme. Troisièmement, Michel Rocard, une fois devenu ministre, oubliera complètement qu’il avait défendu, un jour, l’autogestion. Il préfèrera s’opposer aux nationalisations, au nom d’une politique économique réaliste.
La deuxième gauche, une fois débarrassée de ses composantes révolutionnaires, sera donc strictement la même chose que la gauche tout court, l’efficacité et la cohérence en moins – un parti progressiste, donc capitaliste, mais bien sûr, qui comprend que les pauvres souffrent à cause du capitalisme et aimeraient les aider à s’en tirer un peu mieux. La charité chrétienne – justement, les chrétiens de gauche y furent nombreux – à l’opposé d’une politique sociale – du socialisme. A deux trois zigouigouis modernistes près, la même chose que le radicalisme.
Le Parti Socialiste sera donc composé d’un certain nombre de gens parfaitement étrangers à l’idée socialiste, quand ils ne s’y opposent pas. Le Parti Socialiste est au fond un parti de circonstances. Les communistes étaient à la fois trop socialistes et trop staliniens. De Gaulle avait crée une droite presque socialiste. Il fallait bien que la bonne vieille gauche, coincée entre ces deux forces, rajoute un peu de socialisme dans son eau de progrès capitaliste. Et puis, tant qu’on ne gouverne pas, ça ne mange pas de pain.
Mai 68 arrive au milieu de cette recomposition de la gauche au sein du PS, qui va trouver dans les évènements de Mai sa chance historique. La lutte de la gauche sera désormais la liberté de mœurs, qui répond à ses éternels fantasmes de progrès et de conquête de libertés nouvelles – et permettra enfin d’oublier la contradiction entre progrès économique et progrès social. Le sociétal, mot affreux mais signifiant, remplacera pour de bon le social. La gauche a alors pu définitivement assassiner le socialisme.
Il faudrait étudier plus profondément les liens réels entre radicaux, deuxième gauche et soixante-huitards, autre que l’air du temps. Il y en a. Notons seulement que ces trois mouvements de gauche arrivent grosso modo au moment où De Gaulle voulait lancer sa grande idée de la participation, d’un socialisme de droite – via un référendum qu’il perdra, mettant ainsi fin à son règne.
Bien sûr, la trahison du PS se déroule sur un temps long. En 1969, date de la création du PS, on ânonne encore la lutte des classes. Et même, sans doute y a-t-il encore beaucoup d’honnêtes socialistes de gauche là-dedans. On s’allie avec un PC encore puissant mais déjà perdu, qui disparaîtra politiquement de la même façon que les socialistes au siècle précédent, quand ils ont pactisé avec les radicaux. Mais déjà, le bilan positif de Mitterrand est majoritairement sociétal : abolition de la peine de mort, radios libres, Jack Lang et SOS Racisme. « La transformation sociale qui ne peut pas être le produit naturel et la somme de réformes corrigeant les effets du capitalisme », comme disait si bien la déclaration de principe du PS à l’époque, n’a pas eu lieu. On a certes eu le tournant de la rigueur : puisqu’il n’y a pas assez d’argent pour aider les pauvres, aidons les riches à faire plus d’argent en cassant les acquis sociaux.
En 1990, la déclaration de principe du PS prône « une société d’économie mixte » faite par une gauche qui ne doit pas « méconnaître les règles du marché ». Goodbye socialisme, hello trahison !
Le gouvernement Jospin restera comme l’un des gouvernements qui ont le plus privatisé de l’histoire du pays – Jospin, qui, au passage, expliquera à des ouvriers qu’il ne peut rien pour eux. Jospin qui, en 2002, lancera sa campagne présidentielle en précisant bien qu’elle ne serait pas socialiste – des fois qu’on aurait des doutes. Et qui reprochera bien sûr au peuple qu’il avait trahi de ne pas avoir voté pour lui – suprême cynisme du menteur de gauche.
En 2005, année importante, la gauche tance le peuple de ne pas avoir bien voté oui à la constitution d’une Europe ultra-libérale ; elle ne jugera pas bon non plus de soutenir la révolte du peuple de banlieue, allant jusqu’à lui dénier le droit d’être une révolte – en harmonie parfaite, sur ces deux coups, avec une droite plus du tout gaulliste.
En 2008, la déclaration de principe prône « une économie de marché, certes régulée, mais avec un secteur privé dynamique ». En 2012, la gauche lance une campagne d’une invraisemblable longueur en faveur du mariage pour tous, voté dans tous les autres pays qui l’ont fait en moins d’une semaine ; pendant ce temps, une immense destruction d’emploi et de tissu industriel avait lieu dans un silence consternant. Je n’en dirai pas plus sur le quinquennat de François Hollande, ce serait un puits sans fond.
Pendant ce temps, la droite gaulliste a explosé, sous les coups conjugués des capitalistes tout crins – Pompidou, Giscard, Madelin, etc… – et des réactionnaires – Pasqua, Sarkozy, Copé, etc… – bref, de la bonne vieille droite qui s’est réveillé sitôt De Gaulle sorti du cadre. Sarkozy sera celui qui mettra définitivement un terme à la droite gaulliste, en développant un capitalisme ultralibéral – vu, bien entendu, comme la marche du progrès. Remarquons que la droite n’avait pas le choix – coincée par un Parti Socialiste qui économiquement était largement plus capitaliste qu’elle sous Chirac.
D’où l’absurdité politique du moment. La gauche se pense progressiste et la droite se veut réactionnaire. Or c’est faux. Economiquement, gauche et droite sont libérales, donc capitalistes, donc progressistes – et la droite ment quand elle se dit globalement réactionnaire. Socialement, puisque capitalistes, gauche et droite sont réactionnaires et engendrent en effet des inégalités sociales de plus en plus fortes – Que Sarkozy ou Hollande soit au pouvoir. Finalement, gauche et droite ne se divisent que sur les mœurs. Reste, pour faire croire que la démocratie fonctionne et qu’on s’oppose, dans les deux camps qui ne se contentent plus de mentir aux électeurs mais se mithridatisent désormais, cet abandon de la pensée qu’est le cynisme.
Prenons un problème actuel : la droite, puisqu’elle est réactionnaire, ne peut accepter d’accueillir les migrants. Mais si elle est capitaliste – et je crois qu’en réalité elle l’est, elle a tout intérêt à accueillir cette main d’œuvre non qualifiée, non seulement qu’on pourra sous-payer, mais qui permettra de revoir à la baisse le salaire de la main d’œuvre déjà présente sur le territoire. La gauche, puisqu’elle est progressiste, veut accepter le plus de migrants possibles, tous s’ils veulent. Mais si elle était socialiste – et je crois qu’en réalité elle ne l’est pas, et depuis longtemps, elle aurait à cœur de réfléchir à la situation économique que cet afflux va engendrer et engendre déjà, notamment pour les pauvres d’ici.
Au passage, remarquons que M. Gattaz, patron du MEDEF et certainement pas socialiste pourtant, a publié une tribune dans le Monde pour avouer qu’il était plus que favorable à l’accueil des migrants – La preuve que certains pensent toujours efficacement.
DROITISATION, GAUCHISSEMENT.
J’ai fait tout ce long chemin pour plusieurs raisons. Un, parce que j’aime l’histoire et je la crois importante – même si je ne suis pas historien. Deux, parce que je voulais montrer que la gauche, surtout quand elle n’est pas alliée à un vrai parti socialiste indépendant, a presque toujours trahi le peuple qu’elle était censée défendre. Trois, parce qu’avec le quinquennat de François Hollande, je crois que nous sommes au moment où la trahison est devenue évidente, où l’abandon du socialisme ne se discute plus – donc au moment où ceux qui croient en une transformation sociale doivent se tourner vers un autre parti, existant ou à venir.
Ca fait longtemps en réalité – plus d’un siècle – que nous aurions dû savoir que la gauche n’était pas socialiste. Déjà les républicains modérés, puis Clémenceau, puis la SFIO pendant la IVe République, puis Mitterrand, puis le gouvernement Jospin – aucun de ces pouvoirs de gauche n’a même cherché à réaliser cette transformation sociale qu’est le Socialisme. Mon idée de l’histoire de la gauche tient au final en une phrase : la gauche dit qu’elle libérale et socialiste, mais le libéralisme et le socialisme sont opposés ; confronté à cette contradiction entre libéralisme et socialisme, la gauche choisit systématiquement le libéralisme et enterre le socialisme. Ce constat n’a rien d’actuel – Guesde l’avait déjà en 1896, l’élection de François Hollande et la politique qu’il mène le rendent cruellement actuel.
François Hollande n’est ni Blum ni Mitterrand. Jusqu’ici, la gauche au pouvoir abandonnait le socialisme, certes, mais elle trouvait une raison de le faire. C’était la pause du Front Populaire à cause de la guerre d’Espagne, le tournant de la rigueur de 1983 sous pression de l’étranger. La gauche se cherchait au moins des excuses, et jurait qu’un jour, on y reviendrait, au socialisme, promis – le degré de cynisme, de mensonge ou d’aveuglement dépendant alors de chaque homme de gauche au pouvoir. Je crois qu’un Blum y croyait vraiment, Clémenceau un peu, et que Mitterrand devait être soulagé tant il n’y croyait pas. En revanche, le PS de 2012 n’a pas renoncé au socialisme sous la pression des capitalistes, des conservateurs, de la droite, des banques ou de je ne sais qui. Le PS de 2012 n’a pas essayé de trouver une excuse, n’a pas essayé un seul instant d’appliquer le programme – si peu socialiste, pourtant – sur lequel il a été élu.
Il faut, aujourd’hui, mesurer cette trahison, et analyser la colère qui remonte du pays en fonction d’elle. François Hollande n’est pas allé à Bruxelles renégocier le traité européen ; François Hollande n’a pas proposé une refonte complète de l’impôt ; François Hollande n’a pas lutté contre son ennemi la finance – à moins que le nommer à Bercy soit un moyen caché de le combattre. Il est difficile pour un esprit ayant gardé un tant soit peu d’honnêteté intellectuelle de penser une trahison de cette envergure.
Jospin baissait encore la tête quand il avouait ne rien pouvoir faire pour des ouvriers ; Mais Valls la lève bien haut quand il dit aimer l’entreprise devant les grands patrons du MEDEF. Depuis 2012, le PS n’a pas renoncé au socialisme, il l’a assassiné.
Le socialisme est mort à gauche. Mais d’autres ont déjà ramassé la mise socialiste – avec autant d’hypocrisie que la gauche, à mon avis.
« Un Etat fort capable d’imposer son autorité aux puissances d’argent. Des protections face à la concurrence internationale déloyale. La nationalisation, même partielle et temporaire, des banques. Une taxe mondiale sur les transactions financières. Une profonde réorientation de notre politique économique, prise en charge par l’Etat, indispensable pour accroître le niveau de vie de tous. » Ces quelques phrases, si proches de ce qu’on voudrait entendre venir de Solférino, sont extraites du programme actuel de Marine Le Pen, directement consultable sur le site du Front National.
Le Front National est un parti d’extrême-droite qui offre à la société française une vision fantasmatique de l’immigré vu comme un conquérant qui nous envahit – le juif hier pour Le Pen père, l’arabe ou le musulman aujourd’hui pour Le Pen fille. Mais si le Front National n’était que cela, il devrait avoir un nombre d’électeurs faible et stable – primo, parce que c’est intellectuellement stupide et humainement insultant ; deuxio, parce que Sarkozy dit strictement, au fond, la même chose. Or le FN monte inlassablement, et se voit même en position de dominer les futures élections. Oh, je sais que le traitement médiatique du jeune de banlieue n’est pas étranger à cette montée vertigineuse. Mais je ne crois pas que ce soit suffisant. Je crois encore moins que la France soit un pays où une personne sur quatre est un raciste patenté. Et je ne crois surtout pas que les ouvriers soient plus enclins au racisme que les autres – or le FN est le premier parti ouvrier de France.
En revanche, je crois que les ouvriers sont plus enclins au socialisme que les autres. Et je lis le programme du FN, qui, seul dans le pays aujourd’hui, a un peu le goût, l’odeur, les mots de cette vieille et belle idée – le socialisme. Alors, je pense qu’il y a deux chemins pour aller au Front aujourd’hui – soit on n’aime pas les arabes, soit on aime les pauvres. Le racisme ou le socialisme. Pour reprendre ce mot à la mode, la droitisation ou le gauchissement. Mais un Sapir, un Michéa, un Onfray même en dépit de sa courte pensée sur l’islam, n’ont pas changé d’idée politique. Et chez les anonymes, ils doivent être nombreux, ces socialistes que la gauche a abandonné, humilié, et qui, à la recherche dans l’espace politique de l’idée qu’ils n’ont pas cessé d’avoir, se retrouvent, un peu étonnés eux-mêmes peut-être, sur les terres du nationalisme et du rejet de l’étranger.
Je voudrais le dire en un mot simple : le FN – et plus précisément Florian Philippot – est en train d’inventer un socialisme d’extrême-droite – comme De Gaulle avait tenté de créer un socialisme de droite. Et de même qu’on a fini par confondre gauche et socialisme, on est en train de commencer à confondre socialisme et extrême-droite – d’où l’incapacité d’un Mélenchon à fédérer.
Quant à l’auteur de ces lignes, il ne se résout pourtant pas à y aller. Parce que, sans doute comme beaucoup, qui se taisent ou le disent mal, l’idée que Marine Le Pen soit la dernière héritière de la grande histoire du socialisme lui tord les boyaux. Aussi, parce qu’en dernière analyse, je ne crois pas que l’idée socialiste, née d’une solidarité de la misère poussée à l’universel, puisse survivre engluée de racisme ou de xénophobie. Alors, je voudrais que le PS dise enfin, honnêtement, qu’il a abandonné le socialisme et le peuple, voire qu’il reconnaisse que ça n’a jamais été son problème. Qu’il a renoué avec la gauche de Ferry, de Gambetta, de Danton, cette gauche colonialiste, capitaliste, populicide si vous me permettez le néologisme. Qu’il rejoigne Les Républicains, avec qui il communie dans le bonheur du libéralisme et de l’Europe qui est une chance pour la France. Qu’on arrête de nous parler de droite et de gauche, alors que ces mots ont cessé de désigner quelque chose de précis depuis au moins De Gaulle, si ce n’est Jaurès. Qu’on crache à la gueule du prochain mec du PS qui dira pour moi le socialisme, c’est l’humanisme, c’est le libéralisme, c’est la force du progrès. Pour qu’on puisse enfin opposer quelque chose au Front National et répondre à ceux, à tous ceux qui disent qu’ils vont au Front puisque les autres ne s’occupent pas d’eux. Pour qu’un vrai parti socialiste, contre le capitalisme et pour le peuple, la masse, les pauvres, puisse prendre sa juste place dans l’échiquier politique, ni à gauche ni à droite mais en dehors, et qu’on ne dise plus à personne qu’il tourne à droite quand il reste, désespérément, socialiste. C’est mon cas, en tout cas. Je vomis la gauche, parce que je crois au socialisme.